Nous avons vu dans les post OIM#1 et OIM#2 que la notion d’intercuspidie maximale est variable selon les auteurs et que cette notion, qui répond à un besoin clinique absolu, peut être envisagée selon plusieurs concepts. Pour que la position mandibulaire en OIM puisse être cliniquement discutée par tous, et scientifiquement exploitable, nous pensons que certains de ses aspects, présents dans tous les concepts doivent être synthétisés pour l’établissement d’une définition acceptable par tous, cliniciens et chercheurs:
Toutes les définitions des l’OIM font référence à l’établissement de contacts maximaux entre les arcades, et plus ou moins explicitement aux contractions musculaires.
Pour établir des contacts maximaux entre les arcades, il faut que l’action des élévateurs soit la plus forte possible (compte tenu du contexte clinique)
Au delà de la description des contacts dentaires en eux mêmes, c’est aussi la position mandibulaire qui en résulte qui est définie.
La position d’OIM est statique (liée aux contacts dento-dentaires). En conséquence l’OIM ne qualifie en rien une situation fonctionnelle ou dysfonctionnelle. Si on veut introduire ces notions la définition doit être repensée.
Nous proposons donc comme définition: OIM (Occlusion d’Intercuspidie Maximale): Situation occlusale et position mandibulaire obtenues par l’établissement de contacts interarcades maximaux lors du serrage maximal des muscles élévateurs.
Ces données sont facilement identifiables en clinique. Cependant le nombre exact de contacts occlusaux ou l’effectivité de la contraction maximale sont plus difficiles à contrôler ou reproduire pour des travaux de recherche.
Une difficulté tient au fait que, pour un certain nombre de patients, plusieurs positions mandibulaires permettent l’établissement de contacts stabilisants maximaux, en même temps qu’une contraction maximale des élévateurs: on peut donc observer plusieurs OIM (en particulier pour les patients dysfonctionnels).
Fig 1: Cas 1 – Position d’OIM donnée par un patient (bruxomane) à qui on demande de fermer dans sa position de fermeture habituelle, celle où il peut serrer le plus fort possible.
Fig 2 : Cas 1 – Le patient nous explique qu’il peut fermer sa bouche dans plusieurs positions et qu’il peut y établir des contacts maximaux et serrer très fortement. Ici il établit un calage antéro-canin à gauche et un calage bilatéral distal simultané sur lequel il peut effectivement serrer très fortement
Fig 3. Cas 1 – La situation est symétrique avec un calage antéro-canin à droite. C’est une autre OIM pour ce cas extrême
Fig 4 : Cas 1 – Si on demande à ce patient de mettre ses arcades dans une position plus « classique » on voit qu’indéniablement il n’établit pas des contacts maximaux. L’OIM n’est pas là.
Fig 5 : Cas 2 – OIM approchée avec quasi-contacts intercanins bilatéraux (inexistants cependant)
Fig 6 : Cas 2 – Une autre OIM approchée donnée par le patient dans laquelle on voit le surplomb antérieur augmenter. Mais les contacts globaux sont tout aussi maximaux pour un serrage maximal
Fig 7 : Cas 3 – Première OIM donnée par un patient avec contacts canins bilatéraux simultanés
Fig 8 : Cas 3 – Autre OIM avec contacts intercanins à droite et surplomb à gauche. On note la perturbation du calage par perte de 46 et migrations de 16.47 et 48
Fig 9 : Cas 3 – Une autre OIM avec calage canin à gauche et surplomb à droite. On observe que 36 aussi est perdue
Fig 10 : Cas 4 – Situation antérieure en OIM. On devine que le contact intercanin droit existe. Il y a un doute pour le coté gauche.
Fig 11 : Cas 4 – En fait, la mandibule oscille entre différentes positions de calage maximal: soit avec appui à droite (et calage moindre à gauche)…
Fig 12 : Cas 4 – …et une autre position d’OIM avec calage à gauche et surplomb canin à droite. Dans ces deux positions (et peut être d’autres) la mandibule établit de nombreux appuis pour un serrage maximal.
Fig 13 : Cas 5 – avec OIM multiples: ici prédominance du calage à droite. Mais il existe des contacts controlatéraux
Fig 14 : Cas 5 – Une autre position mandibulaire permettant d’établir des contacts maximaux pour un serrage maximal
Fig 15 : Cas 5 – Autre option pour ce patient: caler bilatéralement sa mandibule sur les dents cuspidées et laisser un grand surplomb antérieur. Il existe donc au moins 3 OIM pour ce patient.
Fig 16 : Cas 6 – Cas d’OIM avec calage prédominant à droite
Fig 17 : Cas 6 – Par latéropropulsion le patient peut proposer cette autre OIM pour exercer un serrage maximal…
Fig 18 : Cas 6 – … ou celle ci avec appui bilatéral postérieur et surplomb antérieur.
Pensez vous que la définition proposée ici pour l’OIM soit utilisable pour nos discussions à venir? Souhaitez vous la modifier?
Avez vous observé la multiplicité d’OIM chez certains de vos patients, en particulier ceux présentant des DAMs?
Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d'intéret.
Vous m’accorderez qu’en ferment la bouche on peut le faire dans plusieurs positions: plus en avant ou en arrière, plus à droite ou plus à gauche, et en serrant plus ou moins. Oui l’OIM c’est la situation qu’on obtient en fermant la bouche, mais en serrant le plus possible. Cet effort de fermeture, de contraction des muscles élévateurs aboutit à ce que les dents glissent les unes contre les autres jusqu’à ce qu’elles soient les plus emboîtées possible. Ainsi on détermine une position reproductible, observable par tous et donc compatible avec des diagnostics précis et partageables, ainsi qu’une position de référence pour analyser les autres positions mandibulaires.
Merci de m’avoir donné l’occasion de préciser l’enjeu de cette définition
François,
Je crois que ce que Janea tente de dire, et moi-meme depuis quelques blogues, c’est qu’il n’y a qu’une façon de fermer qui maximise les contacts dentaires. Et le cerveau enregistre très bien cette position car, si elle ne permet pas plus de contraction musculaire, elle permet à tout le moins la meilleure répartition des forces sur les arcades. C’est la moins nociceptive.
Il y aura bien sûr des gens qui n’auront pas de OIM reproductible. De grâce, occupez-vous de ces gens.
L’OIM n’a de sens que si on la met en relation avec les autres éléments du système.
Benoît
Parfaitement d’accord avec Benoit « L’OIM n’a de sens que si on la met en relation avec les autres éléments du système. »
Et je partage aussi l’opinion selon laquelle cette position est mémorisée pour établir la meilleure répartition des forces sur les arcades.
Mais, que sait on, pour cette position, de la répartition des forces sur les ATMs?
Quand vous dites que l’OIM est la position la moins nociceptive pour la répartition des forces sur les arcades, pensez vous en même temps qu’il s’agisse automatiquement de la position la moins nociceptive pour l’ensemble de l’appareil manducateur?
Répondre à cette question c’est répondre à la dernière phrase de votre commentaire.
Merci de ce commentaire
Autre question: Quand on recherche une position une position d’OIM qui soit une référence repérable par tous, « un point zéro » quel intérêt de proposer une définition qui permette de trouver plusieurs OIM?
Oui Janea c’est un vrai problème. Il faut partir de quelque chose de précis et repérable. Je concède que dans certains cas, (c’est pour cela que je l’ai tout de suite précisé) et en particulier ceux qui présentent des désordres occlusaux (édentements, migrations, surplombs, occlusions croisées…) le patient peut trouver plusieurs positions pour caler de façon stable sa mandibule. On pourrait compter les marques de papier à articuler pour l’une ou l’autre de ces positions pour savoir si l’une ou l’autre présente plus de contacts. Mais quid des surfaces de contacts par rapport au nombre de contacts. Peu importe d’ailleurs puisque c’est le patient qui propose lui même ces différentes positions de calage avec serrage maximum. On a donc parfois des patients avec plusieurs OIM. Si vous observez bien vous verrez que ces patients représentent une très grande part des patients qui souffrent de désordres de l’appareil manducateur, et que c’est précisément chez ces patients qu’il est fréquent de trouver des désordres orthopédiques liés à l’occlusion.
Mais votre remarque est juste: si cette définition est simple, les réalités cliniques qu’elle recouvre doivent être observées avec précision.
C’est une question de physique. Une pression répartie sur une plus grande surface est moins grande par unité de surface. L’OIM est la façon de fermer les dents qui permet la meilleure répartition des forces sur les dents.
La définition de l’OIM n’a rien à voir avec la santé de l’appareil manducateur. L’étude de ce que l’OIM crée sur le reste du système n’a rien à voir avec sa définition.
« La définition de l’OIM n’a rien à voir avec la santé de l’appareil manducateur. L’étude de ce que l’OIM crée sur le reste du système n’a rien à voir avec sa définition. »
100% d’accord avec drlegault.
Il me semble qu’une telle définition unique de l’OIM liée à un état de contraction musculaire peut présenter une difficulté à être utilisée universellement. Je pense notamment au domaine implantaire et à ses notions d’OIM légère et OIM forcée concernant le réglage des éléments implantaires.
La proposition de définition que tu établis, François, a pour mérite d’être unique je pense. Pour autant il est clair que la pluralité des définitions proposées à l’OIM peut nous amener à se poser la question de quelle version d’OIM un auteur a pu utiliser pour réaliser son étude. Peut être manque t’il d’autres définitions pour décrire toutes les nuances de positions décrites par les différents auteurs: position d’intercuspidie de confort (?), position de contact dentaire en déglutition, position d’intercuspidie légère, forcée, physiologique … ??? Certains auteurs ont visiblement tenter de proposer différents termes. Aucun consensus n’en sort.
Cela permettrait sans doute de clarifier les éléments permettant de connaitre sans ambiguïtés les positions utilisées pour chaque auteur.
Rq: il nous manque sans doute aussi des outils non subjectifs pour évaluer cette (ces?) position d’OIM.
Miliau
Comments
J’ai une question: est-il utile de faire tant de textes pour dire que l’OIM c’est la situation qu’on obtient en fermant la bouche?
Vous m’accorderez qu’en ferment la bouche on peut le faire dans plusieurs positions: plus en avant ou en arrière, plus à droite ou plus à gauche, et en serrant plus ou moins. Oui l’OIM c’est la situation qu’on obtient en fermant la bouche, mais en serrant le plus possible. Cet effort de fermeture, de contraction des muscles élévateurs aboutit à ce que les dents glissent les unes contre les autres jusqu’à ce qu’elles soient les plus emboîtées possible. Ainsi on détermine une position reproductible, observable par tous et donc compatible avec des diagnostics précis et partageables, ainsi qu’une position de référence pour analyser les autres positions mandibulaires.
Merci de m’avoir donné l’occasion de préciser l’enjeu de cette définition
François,
Je crois que ce que Janea tente de dire, et moi-meme depuis quelques blogues, c’est qu’il n’y a qu’une façon de fermer qui maximise les contacts dentaires. Et le cerveau enregistre très bien cette position car, si elle ne permet pas plus de contraction musculaire, elle permet à tout le moins la meilleure répartition des forces sur les arcades. C’est la moins nociceptive.
Il y aura bien sûr des gens qui n’auront pas de OIM reproductible. De grâce, occupez-vous de ces gens.
L’OIM n’a de sens que si on la met en relation avec les autres éléments du système.
Benoît
Parfaitement d’accord avec Benoit « L’OIM n’a de sens que si on la met en relation avec les autres éléments du système. »
Et je partage aussi l’opinion selon laquelle cette position est mémorisée pour établir la meilleure répartition des forces sur les arcades.
Mais, que sait on, pour cette position, de la répartition des forces sur les ATMs?
Quand vous dites que l’OIM est la position la moins nociceptive pour la répartition des forces sur les arcades, pensez vous en même temps qu’il s’agisse automatiquement de la position la moins nociceptive pour l’ensemble de l’appareil manducateur?
Répondre à cette question c’est répondre à la dernière phrase de votre commentaire.
Merci de ce commentaire
Autre question: Quand on recherche une position une position d’OIM qui soit une référence repérable par tous, « un point zéro » quel intérêt de proposer une définition qui permette de trouver plusieurs OIM?
Oui Janea c’est un vrai problème. Il faut partir de quelque chose de précis et repérable. Je concède que dans certains cas, (c’est pour cela que je l’ai tout de suite précisé) et en particulier ceux qui présentent des désordres occlusaux (édentements, migrations, surplombs, occlusions croisées…) le patient peut trouver plusieurs positions pour caler de façon stable sa mandibule. On pourrait compter les marques de papier à articuler pour l’une ou l’autre de ces positions pour savoir si l’une ou l’autre présente plus de contacts. Mais quid des surfaces de contacts par rapport au nombre de contacts. Peu importe d’ailleurs puisque c’est le patient qui propose lui même ces différentes positions de calage avec serrage maximum. On a donc parfois des patients avec plusieurs OIM. Si vous observez bien vous verrez que ces patients représentent une très grande part des patients qui souffrent de désordres de l’appareil manducateur, et que c’est précisément chez ces patients qu’il est fréquent de trouver des désordres orthopédiques liés à l’occlusion.
Mais votre remarque est juste: si cette définition est simple, les réalités cliniques qu’elle recouvre doivent être observées avec précision.
C’est une question de physique. Une pression répartie sur une plus grande surface est moins grande par unité de surface. L’OIM est la façon de fermer les dents qui permet la meilleure répartition des forces sur les dents.
La définition de l’OIM n’a rien à voir avec la santé de l’appareil manducateur. L’étude de ce que l’OIM crée sur le reste du système n’a rien à voir avec sa définition.
« La définition de l’OIM n’a rien à voir avec la santé de l’appareil manducateur. L’étude de ce que l’OIM crée sur le reste du système n’a rien à voir avec sa définition. »
100% d’accord avec drlegault.
Il me semble qu’une telle définition unique de l’OIM liée à un état de contraction musculaire peut présenter une difficulté à être utilisée universellement. Je pense notamment au domaine implantaire et à ses notions d’OIM légère et OIM forcée concernant le réglage des éléments implantaires.
La proposition de définition que tu établis, François, a pour mérite d’être unique je pense. Pour autant il est clair que la pluralité des définitions proposées à l’OIM peut nous amener à se poser la question de quelle version d’OIM un auteur a pu utiliser pour réaliser son étude. Peut être manque t’il d’autres définitions pour décrire toutes les nuances de positions décrites par les différents auteurs: position d’intercuspidie de confort (?), position de contact dentaire en déglutition, position d’intercuspidie légère, forcée, physiologique … ??? Certains auteurs ont visiblement tenter de proposer différents termes. Aucun consensus n’en sort.
Cela permettrait sans doute de clarifier les éléments permettant de connaitre sans ambiguïtés les positions utilisées pour chaque auteur.
Rq: il nous manque sans doute aussi des outils non subjectifs pour évaluer cette (ces?) position d’OIM.
Miliau