Poser le diagnostic de myospasme #2 – prise en charge
Le traitement d’un myospasme appelle en premier lieu la mise au repos du muscle touché.
C’est cet aspect du traitement qui est envisagé quand on recherche une position mandibulaire détendue, ou qu’on réalise une orthèse évitant une position d’OIM contrainte.
D’autres moyens adjuvants sont classiquement utilisés pour lutter contre les contractures : compresse chaude (enveloppée dans un linge) pendant 20 à 30 minutes ; massages avec ou sans pommade, exercices de kinésithérapie avec mise en étirement progressif après quelques jours. Parfois, des myorelaxants (décontractants musculaires) et des antalgiques sont prescrits.

Sans doute est il utile de rappeler comment l’occlusion dentaire peut générer un myospasme.
- La position mandibulaire de serrage est dénommée : OIM (Occlusion d’Intercuspidie Maximale). Cette position est directement sous la dépendance de la morphologie occlusale. Pour diverses raisons (croissance, pathologies, usures, prothèses, déplacements dentaires fonctionnels ou orthodontiques…) l’intercuspidie maximale peut aboutir à une position mandibulaire dans laquelle les muscles masticateurs ne sont pas en mesure de travailler symétriquement ou même être contraints.
Bien entendu, comme l’OIM est un état transitoire, dans la plupart des cas ces difficultés d’occlusion n’aboutissent pas à des myospames. Cependant, pour un certain nombre de patients, non négligeable, pour des raisons liées au stress, ou à des périodes de difficultés personnelles, la position d’OIM est utilisée plusieurs heures par jour et parfois presque toute la nuit. Le serrage des dents devient alors pathogène et l’occlusion induit la position mandibulaire qui créé le myospasme.
- Il existe un autre processus occluso-mandibulaire qui aboutit au même résultat. Mais par évitement. Il existe des automatismes qui permettent à l’organisme d’éviter de souffrir ; comme par exemple l’adaptation de la marche si une épine irritative placée dans une chaussure et qui permet de limiter l’appui sur le pied qui souffre. De la même façon la mandibule peut adapter (automatiquement et inconsciemment) sa position pour éviter une situation douloureuse ou de contrainte (articulaire ou occlusale par exemple). Ce faisant, les muscles masticateurs impliqués dans cette position adaptative peuvent être engagés dans des contractions de longue durée qui aboutiront à un myospasme.
Ces deux voies sont importantes à signaler car elles nous incitent non seulement à observer ce qui pourrait constituer des obstacles occlusaux en OIM, mais aussi à rechercher les positions mandibulaires d’évitement de l’OIM. Les deux approches sont complémentaires et indispensables.
- Pensez vous que l’OIM puisse être responsable de myospasme de l’appareil manducateur ou de muscles à distance ?
- Lors d’une première consultation, recherchez vous systématiquement les myospasmes dont pourraient souffrir vos patients ?
Comments
Bonjour et bonne année,
Merci beaucoup pour ce post.
Quels peuvent être les symptômes (à part ceux cités dans le post «Poser le diagnostic de myospasme #1 – Définitions et examens ») liés à des myospasmes, en relation avec l’occlusion, des muscles de l’appareil manducateur ou des muscles à distance (strabisme, mal de tête, acouphènes, troubles de l’équilibre, … ???) ?
Non je ne recherche pas systématiquement à la première consultation les myospasmes dont peut souffrir les patients. Peut-être ne serait-il pas suffisant de les rechercher seulement si on voit en bouche des égressions, malpositions, versions dentaires ou un décalage ORC-OIM ?
Peut-il exister des myospasmes des muscles de l’appareil manducateur d’origine non occlusale ? Par exemple un patient qui serre trop souvent des dents, ou un patient qui prend une mauvaise posture céphalique ou mandibulaire lors du sommeil ou dans sa vie quotidienne, mais chez lesquels on n’observe pas de décalage OIM-ORC ou de plan d’occlusion perturbé (égression, …) ?
bonne année oui à tous les lecteurs du blog que nous consacrons aux DAMs et l’occlusion.
Je pense qu’il est important de rechercher pour tout patient (sans forcément le lui indiquer) les signes de dysfonctions de l’appareil manducateur. Dès la première consultation.
Et bien entendu il existe des myospasmes de muscles masticateurs qui ne sont pas liés à l’occlusion. Le froid par exemple peut être responsable de crispations. Sans parler des trismus liés à des accidents infectieux ou au tétanos…
Bonjour François,
Tout d’abord effectivement c’est la rupture de l’équilibre entre phases de travail et phases de repos qui explique l’apparition de contractures. Je pense que plus que l’occlusion elle-même c’est le comportement du patient face à son occlusion ou malocclusion qui explique la nature des symptômes. Comme dans la vie en générale il s’agit de stratégie ; l’ignorance, l’affrontement ou la fuite. Une même malocclusion peut générer des symptomatologies très différentes d’un patient à l’autres voir opposées. C’est une des raisons pour laquelle il est difficile de mener des études statistiques en occlusodontologie comme on peut le faire sur une technique chirurgicale par exemple. Une fois de plus c’est en mettant en cohérence la clinique avec le comportement qu’on peut poser une hypothèse diagnostic car il existe des cas où si tout semble parfaitement logique le traitement ne donne pas de résultat… même si il se dégage une plus ou moins forte probabilité de succès. Nous ne sommes pas dans une science exacte et c’est aussi une difficulté d’où l’intérêt de pouvoir tester une hypothèse par des moyens réversibles (plan de morsure, butée, gouttière… selon affinité).