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Palper l’occlusion #5 : sentir comment l’occlusion perturbe le jeu musculaire

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  2. Palper l’occlusion #2
  3. Palper l’occlusion #3 : palper dans le calme et en confiance
  4. Palper l’occlusion #4 : premières observations
  5. Palper l’occlusion #5 : sentir comment l’occlusion perturbe le jeu musculaire
  6. Palper l’occlusion #6 : Sentir comment l’occlusion perturbe le jeu articulaire
  7. Palper l’occlusion #7 : des dents aux muscles, même sans l’ORC
  8. Palper l’occlusion #8 : le frémitus

Le calme est établi, vous avez maîtrisé votre propre émotion relationnelle, et votre détente est acquise. Celle du patient est maintenant flagrante : il se laisse manipuler très facilement, il vous donne sa mandibule, et vous pouvez la poser à volonté, délicatement sur la première prématurité. Le patient est même heureux de jouer avec vous sur cette première prématurité. Dans certains cas il arrive même à la retrouver tout seul, sans effort, sans crispation, car il perçoit sa détente mandibulaire. Il est encore tout étonné que cette position mandibulaire, si simple, ne lui ai jamais été proposée comme base d’analyse de son DAM.

Alors, allons un cran plus loin : objectivons en quoi l’établissement de l’OIM perturbe le jeu des muscles élévateurs (d’autres muscles bien sûr sont aussi perturbés, mais ils sont plus difficiles à contrôler que les masséters ou les temporaux). Voila comment s’effectue la palpation.

post 5 bis

D’abord on explique au patient ce qu’on va faire : favoriser le placement de sa mandibule en ORC approchée (maintenant il sait ce que cela veut dire) et lui demander de « rester tranquillement posé sur son premier contact ; sans serrer les dents ». Au besoin on lui fait refaire la manoeuvre pour qu’elle soit bien maîtrisée. On précise au patient que nous allons poser nos mains, doucement sur ses joues, ou sur ses tempes pour sentir ce qui va se passer quand il va serrer les dents. Etant entendu qu’il ne serrera les dents que lorsqu’on le lui demandera ; pas avant. Et en attendant il doit maintenir sa détente.
Et c’est ce que nos faisons : la mandibule est posée en ORC approchée sur sa première prématurité, puis nous plaçons les faces internes de nos 4 doigts, très délicatement, sur les joues (ou les tempes pour les temporaux). Les doigts doivent percevoir la détente des muscles sous jacents. Si ce n’est pas le cas c’est que le patient a glissé de sa prématurité et/ou qu’il essaie de rattraper la position. Il faut recommencer la manoeuvre de détente vers l’ORC approchée car la musculature doit être parfaitement détendue et que cela doit être objectivé par la palpation.
Quand cette détente est acquise en ORC approchée, on demande au patient de serrer les dents : autrement dit, il glisse de l’ORC approchée vers l’OIM. Notre palpation va nous permettre d’objectiver les actions musculaires impliqués dans l’apparition, l’entretien ou l’aggravation des DAMs. L’exercice peut être refait plusieurs fois pour bien saisir toutes les informations.

Qu’objective la palpation musculaire entre ORC approchée et OIM ?

  1. L’intensité des contractions des chefs musculaires palpés (2 au moins pour les masséters et 2 au moins pour les temporaux). On perçoit parfaitement si le muscle se contracte ou non et on a une idée de l’intensité de cette contraction (si on compare un coté sur l’autre ou d’un patient à l’autre).
  2. La chronologie des contractions. La palpation nous avertit très précisément sur le fait qu’un chef se contracte avant ou après un autre. Elle nous informe aussi si la contraction de tel ou tel chef est brève ou de longue durée, en rapport avec le début du mouvement ou au contraire avec l’OIM atteinte.
  3. La symétrie des contractions est aussi très facile à palper. Nos doigts perçoivent si un seul coté se crispe ou si les deux cotés travaillent ensemble. Dans la plupart des cas de DAM c’est l’asymétrie qui prévaut ; d’une façon qui ne peut échapper à cet examen.

Bien entendu le patient suit avec attention ces palpations. Il prend conscience de ce qui se passe entre ses contacts dentaires et ses contractions musculaires. Il joue littéralement avec le praticien et peut, dans bien des situations, identifier les moments qui s’apparentent à l’apparition de ses douleurs, ou les déclenchent.

La palpation bilatérale, simultanée, des conséquences musculaires du passage de l’ORC approchée à l’OIM apportent donc deux informations capitales :

  1. l’objectivation des perturbations musculaires, coté par coté, chef par chef (la crispation sélective d’un chef antérieur du temporal n’a pas la même signification clinique que la crispation unilatérale d’un masséter postérieur), quand le patient passe des heures en position d’OIM (dents serrées par le stress le plus souvent),
  2. l’objectivation pour le patient de la relation qui existe entre sa position mandibulaire, et l’asymétrie de fonctionnement de ses muscles ou même l’apparition de son mal, et les contacts dentaires.

Mais les palpations mandibulaires peuvent nous apprendre encore bien d’autres choses.

  1. Pratiquez-vous la palpation musculaire en OIM ? Quelles informations en tirez-vous ?
  2. Pratiquez-vous la palpation musculaire entre ORC approchée et OIM ?

Comments

simon

Bonjour,
Je palpe ces muscles en OIM en demandant au patient de serrer les dents pour objectiver l’intensité des contractions et d’éventuelles asymétries de contraction. Également bouche entrouverte pour sentir la présence de bandes tendues ou non et si ces palpations déclenchent ou non des douleurs.

Je ne le fais pas de l’ORC approchée vers l’OIM, mais je vais le faire dès aujourd’hui.

Le tout cependant étant au final de mettre en relation tous ces éléments avec un diagnostic…

Merci encore pour cet article.

François UNGER

merci de ce commentaire
Oui l’objectif est de parvenir à une hypothèse diagnostique puis à un diagnostic. La palpation entre ORC et OIM donne des informations importantes sur le rôle éventuel de l’occlusion sur les désordres musculaires.

mdom

Bonjour Monsieur Unger,
Merci pour vos nombreux articles très instructifs.
Quelles sont svp les différences entre les significations cliniques des crispations unilatérales du temporal et du masséter ? Y-a t-il des symptomatologies spécifiques ?
Merci.

François UNGER

Répondre à cette question importante question nécessitera un post complet concernant l’ensemble des muscles accessibles (y compris SCM et trapèzes).
Pour répondre rapidement, il faut garder à l’esprit au moins deux points qui orientent les réponses:
– l’orientation du chef musculaire palpé pendant le glisssemnt d’ORC à OIM,
– et la chronologie de l’assymétrie de contraction.
Si on palpe le temporal postérieur dont l’action est plutôt horizontale, et que la contraction est franchement unilatérale lors du glissement vers l’OIM, il me semble légitime de penser qu’un serrage prolongé en OIM (sous l’effet du stress par exemple) pourrait être à l’origine de céphalées à prédominance homolatérale.
Si la contraction du masséter est unilatérale (muscle élévateur puissant inséré sur l’ATM) on peut imaginer qu’elle puisse intervenir dans une douleur de la région temporomandibulaire homolatérale. Et comme le masséter travaille rarement sans que le ptégygoïdien soit aussi actif, on peut même imaginer que leur contraction unilatérale prolongée puisse être en cause dans le déplacement du disque homolatéral.
Les observations anatomo- physiologiques guident les réflexions du clinicien. Les travaux de Gaspard sont très instructifs.

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