Orthèses de relaxation #7 : Limites d’utilisation d’un plan de morsure rétro-incisif
L’utilisation d’un plan de morsure rétro-incisif est bien codifiée et l’apport de Jeanmonod a été crucial à ce sujet aussi.
- Un plan de morsure ne saurait être utilisé s’il aboutit à placer la mandibule dans une situation de sus-occlusion, c’est à dire à supprimer l’espace libre. Cette situation est rare mais rédhibitoire.
- Un plan de morsure n’est pas à priori indiqué dans les cas de classe III d’Angle ; pour des raisons de difficulté de réalisation
- Il est aussi déconseillé de mettre en place un plan de morsure chez un patient qui dort en position ventrale.
- Quand le diagnostic initial de myospasme des élévateurs pourrait s’accompagner d’une luxation discale intermittente, il peut être prudent d’éviter au patient de serrer sans appuis postérieurs. Certains auteurs contestent cette restriction. Pour notre part nous évitons de placer un obstacle occlusal antérieur à un patient qui présente une instabilité discale, en particulier s’il est hyperlaxe.
- Le plan de morsure, compte tenu des zones d’inocclusion postérieures qu’il créé ne peut rester bien longtemps en l’état. L’adjonction de rampes postérieures peut permettre une utilisation prolongée. Mais le matériau résineux en lui même, et le volume global du dispositif, le rendent réellement transitoire.
- Le respect des bords libres des incicives et canines mandibulaires impose bien souvent la réalisation d’une petite butée antérieure extemporanée.
- Enfin, les impératifs de localisation des crochets et les édentements rendent parfois difficile la réalisation d’un bon plan de morsure rétro-insisif,





Cependant, malgré ces limitations, le plan de morsure rétro-incisif, tel qu’il a été codifié par A. Jeanmonod, est un dispositif qui doit faire partie des moyens habituels d’un cabinet dentaire d’omnipratique ou orienté vers la dentisterie restauratrice.
- Pour ceux qui utilisent les plans de morsure de Jeanmonod, quel est l’avantage déterminant qui vous pousse à utiliser ce dispositif ?
- Pour ceux qui n’utilisent pas ces dispositifs, quel est la difficulté principale qui limite votre utilisation ?
Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d'intéret.
Comments
Voici un cas illustrant l’intérêt du plan qui permet d’obtenir une relation mandibulo-maxillaire et de la tester en condition réelle. Une fois confirmée par la clinique la relation est consacrée par la transformation du plan en prothèse transitoire. On ne travaille jamais sans filet… la prothèse reprend les informations occlusales déterminées et validées avec le plan en bouche.
Excellent exemple en effet
Merci à jeromeproust pour ce cas
Voici un cas de prothèse où la DVO a été réévaluée et testée avec le plan de morsure. Les 22 et 23 sont vestibulées, alors une chaînette prise sur des crochets est mise en place sur le plan pour ramener ces dents pour permette d’avoir une prothèse conjointe plus esthétique sans trop préparer 22 et 23. Le plan est évidé d’un millimètre en palatin des dents puis quelques semaines plus tard on évide encore pour continuer le mouvement. Cela permet d’avoir un stop de sécurité et d’éviter des déplacements trop rapides. Des butées en composite sont faites sur les faces vestibulaires pour maintenir la chaînette sur le 1/3 incisif des dents et empêcher un glissement apical.
Le plan maintient la mandibule en ORC en fournissant une réponse proprioceptive aux incisives mandibulaires. Sans cela les dents mandibulaires risqueraient de venir en contact avec 23 et 22 et contrarier le recul.
Dans ce cas après mise en place du plan et équilibration on note un surplomb antérieur nécessitant l’adjonction d’une ailette canine sur la 23 et un inversé d’articulé entre les secteurs 1 et 2. Un bras métallique a été ajouté au plan pour pousser les dents en vestibulaire et rétablir un rapport transversal fonctionnel. Notons que la mandibule est dans sa position fonctionnelle durant ce travail. Une fois de plus le plan maintient un contact proprioceptif qui évite à la mandibule une déviation à droite pour recherche un appui.
Une fois le passage effectué des arcs sectionnels sont mis en place et des élastiques inter-maxillaires sont tendus pour réaliser l’égression et la mise en contact des dents. L’ensemble du traitement s’est écoulé sur une année.
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Merci jeromeproust pour vos commentaires instructifs et pour nous faire découvrir votre dispositif interocclusal de prédilection.
Je n’ai jamais utilisé le plan de morsure du fait de ma faible expérience en occluso.
Je pense que le plan de morsure est indiqué plus qu’une orthèse de relaxation lorsque l’on doit combler des édentements postérieurs bilatéraux à la mandibule, pour obtenir la relation centrée…
Dans le deuxième cas que vous présentez :
1/ Quand est-ce que le patient porte le plan avec la chainette ? 24h sur 24 ? Durant combien de semaines ?
2/ Cela ne l’a pas trop gêné, esthétiquement et fonctionnellement (notamment pour manger) ?
3/ Comment avez-vous fait pour ne pas avoir d’égression dans le secteur postérieur ? Les dents postérieurs sont rapidement éuilibrées en ORC ?
Merci mdom pour vos questions concernant ce cas.
Les braquettes portent un arc rond 0.18 acier brulé pour lui permettre de se déformer et d’accompagner les agressions. On utilise des élastique type oiseau mouche pour la traction. Je met un élastique par braquette. Les élastiques sont portés 24h/24. Le plan ne doit pas être déposé car sinon la mandibule irait en déviation du coté de l’innoclusion et bloquerait le déplacement. Pendant les repas les élastiques sont déposé si ils gênent. Le temps pour retrouver une intercuspidie est de 6 mois environ mais il faut accompagner les egressions par de petites corrections occlusales car les premiers contacts ne sont pas toujours fonctionnels.
Il n’y a pas d’egression postérieures coté gauche car les dents sont en occlusion. L’équilibration occlusale a été faite au début et le plan abaissé rapidement.
J’en profite pour signaler que lorsqu’on entend ici et là des gens dire que l’innocclusion postèrieure générée par le plan de morsure peut être responsable d’egression en une ou deux semaines montre leur méconnaissance totale du sujet…. obtenir des egressions cela prend du temps et même avec des élastiques…
Merci beaucoup jeromeproust pour votre réponse.
Je faisais allusion au 2e cas. Mais le principe est le même pour chaque cas. Bravo pour vos traitements.
Quant au risque d’égression, il est, je crois, fonction de l’âge et du parodonte du patient.
oui dans tous les cas il n’y a plus d’innocclusion postérieure bien évidemment. Rentrer une dent comme dans le 2e cas est plus rapide… 1 à 3 mois selon à condition de raccourcir d’un anneau la chaînette toutes les 2 semaines et d’évider le plan en regard du déplacement. Il faut revoir le patient à cette fréquence pour contrôler que tout se passe bien.