DTM et comorbidités : un modèle multifactoriel et multi-échelle #3
Les douleurs oro-faciales sont souvent associées à d’autres types d’algies (douleurs multifocales) et symptômes : cervicalgies, douleurs posturales, limitations fonctionnelles. Elles peuvent coexister au sein de tableaux cliniques variés et parfois complexes : céphalées, fibromyalgie, syndrome de fatigue chronique, reflux gastro-œsophagien, syndrome du côlon irritable, stress post-traumatique, perturbation du sommeil [1, 2]. La plupart des patients présentant une douleur oro-faciale rapporte une douleur complémentaire au niveau d’une autre localisation anatomique [3]. Il est donc essentiel, au cours de l’examen clinique, de rechercher les étiologies à ces algies, mais surtout d’identifier les facteurs de risque (prédisposant, déclenchant, entretenant) et les comorbidités [4]. Le clinicien doit tenir compte de la vulnérabilité de chaque patient [5] et proposer, à ce titre, une approche individualisée : on parle de médecine personnalisée [6].

Comme le rappellent De Leeuw et Klasser, le projet OPPERA (Orofacial Pain: Prospective Evaluation and Risk Assessment) financé par le National Institute of Dental and Craniofacial Research (NIDCR) visait à « identifier les facteurs de risque de développement d’un trouble temporo-mandibulaire douloureux et à développer des traitements pour gérer les DTM associés à la douleur » [1]. Une immense cohorte de 3 258 adultes sans DTM est suivie pendant plusieurs années, évaluant les caractéristiques génétiques, phénotypiques, biologiques, psychosociales, cliniques, l’état de santé et du sommeil [1, 7]. Slade et coll. présentent un modèle comprenant des volets génétiques, physiologiques, occupationnels [8] (fig. 1). De nombreuses conditions sont présentes dans le déclenchement et l’entretien des DTM : anatomique, génétique, endocrinienne, inflammatoire, régulation de la douleur, anxiété, dépression, réponse au stress, somatisation, sommeil, etc. [1, 8].

Fig. 1 – Modèle poly-pathologique explicatif de la survenue et de l’entretien des DTM (d’après Slade et coll. [7, 8]).
Conclusion
Dans un devoir de santé publique, il est indispensable de sensibiliser les médecins et les chirurgiens-dentistes sur les tableaux cliniques variés des désordres temporo-mandibulaires et de leurs comorbidités.
Les personnes (patients et praticiens) souhaitant obtenir plus d’informations sur les études OPPERA, sont encouragées à visiter le site web du Journal of Pain.
Dans le post suivant, nous aborderons plus en détail les conclusions du projet OPPERA.
1. De Leeuw R, Klasser G. Orofacial pain: guidelines for assessment, diagnosis, and management, Ed 6. Quintessence, 2018:327p.
2. Aaron LA, Burke MM, Buchwald D. Overlapping conditions among patients with chronic fatigue syndrome, fibromyalgia, and temporomandibular disorder. Arch Int Med 2000;160(2):221-7.
3. Türp JC et coll. Pain maps from facial pain patients indicate a broad pain geography. J Dent Res 1998;77(6):1465-72.
4. Hoffmann RG et coll. Temporomandibular disorders and associated clinical comorbidities. Clin J Pain 2011;27(3):268-74.
5. Greene CS, Manfredini D. Transitioning to chronic TMD pain: a combination of patient vulnerabilities and iatrogenesis. J Oral Rehabil 2021;48(9):1077-88.
6. Destruhaut F, Pomar P, Letellier T, Hennequin A. Intelligence artificielle, médecine 4P et rééducation fonctionnelle de l’appareil manducateur : perspectives. Cahiers de prothèse 2020;189:403-13.
7. Hennequin A, Cuny C, Destruhaut F. Vulnérabilité occlusale en prothèse implantaire : pourquoi tout ce qui aurait pu mal tourner n’est pas arrivé ? L’Information Dentaire 2021;13(3):46-55.
8. Slade GD et coll. Painful temporomandibular disorder: decade of discovery from OPPERA studies. J Dent Res 2016;95(10):1084-92.
Comments
Bonjour connaissez vous quelqu un qui traité les douleurs ATM sur Grenobl
Merci