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Butée Antérieure #3 : la butée antérieure « bretonne »

  1. Butées antérieures #1
  2. Butées antérieures #2 : le jig de Lucia
  3. Butée Antérieure #3 : la butée antérieure « bretonne »
  4. Butées antérieures #4 : le plan de morsure de Jeanmonod
  5. Butées antérieures #5 : la plaque de Kois
  6. Butée antérieure #6
  7. Butées antérieures #7

Dans les années 80 des cliniciens bretons ont proposé de recourir à l’utilisation d’une butée antérieure lors des plans de traitements restaurateurs, ou pour rechercher et obtenir une OIM équilibrée. (Les plus impliqués dans cette démarche, par ordre alphabétique, étaient J. Abjean, J.F. Lauret, M. Le Gall, et J.Y Le Guern)
On trouve trace de ces travaux (outre les thèses soutenues) dans le livre « Occlusion et Fonction » (CdP edit 2002) de Marcel Le Gall et Jean François Lauret.
La butée antérieure en résine proposée par ces auteurs répond aux principes généraux de fabrication et d’utilisation décrits par Lucia en particulier pour l’enregistrement des rapports inter-maxillaires.

Son action est décrite ainsi : « Le port de la butée durant 1 à 5 minutes, …permet une fermeture sans engrammes, et d’obtenir le relâchement symétrique des muscles masticateurs » en précisant que « comme le contact est situé dans l’espace libre d’inocclusion, la mandibule, libérée de toute mémoire occlusale, se place, sous l’action de la musculature relâchée, dans une position physiologique de repos ».
Il est précisé que la butée ayant été mise en place, « l’obtention de la décontraction peut être vérifiée par une manipulation légère de la mandibule qui ne doit rencontrer aucune résistance. Le patient revient alors en appui sur la butée puis doit décoller légèrement les dents afin de pouvoir la retirer sans dévier la mandibule. Le trajet de fermeture doit s’effectuer sur le chemin de fermeture physiologique entre la position de repos et le ou les premiers contacts dentaires ».
Pour un patient indemne de troubles temporo-mandibulaires, « à la demande du praticien, et sans aucune manipulation ou contact de sa part, le patient doit élever lentement la mandibule jusqu’au premier contact dentaire…Cette manœuvre permet de mettre en évidence d’éventuels obstacles sur le chemin de fermeture…et une éventuelle instabilité en OIM ».

Si, dans les grandes lignes on retrouve les principes de Lucia, et si on ne peut que souscrire aux observations des auteurs, quelques questions me travaillent l’esprit, surtout si je réfléchis à ma propre expérience. J’aimerais ici vous en faire part.

  1. Lucia, butée en place, pousse sur le menton pour trouver la position mandibulaire optimale, tandis que les bretons ne touchent même pas le patient qui trouve seul sa position mandibulaire optimale. J’ai beaucoup de mal à croire que les deux positions mandibulaires soient identiques. On pourrait le vérifier avec les appareils adéquats.
  2. Si je compare ce qui est commun à Lucia et à nos amis bretons, je vois qu’ils sont totalement d’accord pour dire que la butée permet d’obtenir une position mandibulaire « normale » pour l’un et « physiologique » pour les autres. Autrement dit la position de référence pour intervenir sur les dents. Par contre, l’un guide la mandibule alors que les autres ne touchent pas le patient. Je me demande si, pour définir la position mandibulaire optimale, on ne pourrait pas considérer la suppression de l’OIM comme un macro-paramètre, et la manipulation comme un micro-paramètre. En tout cas, si supprimer l’OIM est une règle prudente pour trouver la position mandibulaire optimale, ne pas la toucher me semble aussi un facteur de prudence.
  3. Mon expérience me laisse à penser que le recul mandibulaire (quasi constant) qu’on obtient en détendant la mandibule (avec une butée antérieure par exemple), est lié à la présence très fréquente de contractures des muscles mandibulaires (en particulier les ptérygoïdiens latéraux pour leurs chefs propulseurs), qui préexistaient sans obligatoirement être douloureuses. J’ai l’intuition que l’amplitude et la rapidité d’apparition du recul mandibulaire sont liées à l’ampleur des contractions. A mes yeux, c’est une erreur de considérer que le recul obtenu, même de plusieurs millimètres, et même obtenu en 2 minutes, traduise une décontraction complète. Un recul mandibulaire obtenu avec une butée antérieure utilisée selon les prescriptions de Lucia, ou celles de Le Gall et Lauret, ne peut pas être considéré comme le recul qui serait obtenu après 8 jours de gouttière correctement réglée. Là encore des expérimentations sérieuses de mesure de la position mandibulaire seraient utiles pour mieux comprendre les notions de RC ou de position mandibulaire optimale. Et incidemment éviter que des restaurations ou des traitements ODF soient faits dans des positions mandibulaires aberrantes.

Ces réflexions m’incitent à en appeler à votre expérience :

  1. Pensez-vous que les positions mandibulaires obtenues selon la technique de Lucia et selon celle de Le Gall et de Lauret, avec la même butée, soient identiques ?
  2. Pensez-vous que, chez un patient présentant des contractures, la position mandibulaire obtenue après 2 minutes de butée antérieure soit la même que si la butée avait été portée plusieurs jours ?

Comments

sxmmarigot

Oui, en fait « la butée antérieure » des années 80 est le JIG des années 60-70 …
Pour ma part, je préfère la décoaptation apportée par des « plots » de résine sur les 6 du bas ( +/- 2 mm). le contact « demandé » pour avoir un contact incisif remédie aux inconvénients de recul etc… de la buttée ou JIG …

François UNGER

Merci de ce commentaire. mais je vous avoue qu’il constitue pour moi un texte difficile sur lequel j’ai peu de prise pour comprendre. Qu’entendez vous par « décoaptation »? Que sont les « plots » dont vous parlez? Que voulez vous dire par « inconvénient de recul »?
Je suis demandeur de plus d’informations. Avez vous des photos (que vous pouvez joindre à votre réponse).
Merci

Patrick AMPEN

est evoque dans le texte initial la contracture des ptérygoidiens … la mise en place puis l’equilibration d’une butée telle que décrite doit permettre aussi la liberté de mouvements en latéralité , de façon a travailler au niveau de l’ensemble des sangles musculaires. ( je ne reviens pas ici sur la regle de la DV minimale , ni sur la règle modification du plan d’occlusion induite par une sollicitation des incisives inférieures , cela permettant de définir en pratique les réglages de la butée .. )

Jean-Pierre TOUBOL

Bonjour
la butée antérieure qui fait glisser la mandibule vers le haut et l’arrière ne répond-t-elle pas à la vieille définition RUM ???
Je préfère la mise en relâchement musculaire que m’apporte la gouttière de Gelb appuyée uniquement sur les groupes molaires et prémolaires et exclusivement sur les cuspides d’appui. c’est là qu’à mon humble avis les muscles peuvent retrouver une fonction physiologique par leur allongement (relire Marcel Gaspard) et que la mandibule peut se restituer convenablement dans les glènes sans guidage en rétroposition.

Jean-Pierre TOUBOL

Il va de soi que cette gouttière doit être portée 24/24 et qu’elle doit être réglée pendant deux ou trois semaines à raison d’un contrôle par semaine

François UNGER

RUM??? peux tu préciser?
L’idée que tu défends est antinomique (intellectuellement et non cliniquement) de l’objet de ma série de post consacrée aux « butées antérieures » puisque précisément le dispositif que tu proposes n’en présente pas. Et c’est en cela qu’il rejoint notre sujet. Oui tu as raison il faudra aussi discuter de « l’intérêt et des inconvénients » des orthèses qui n’établissent pas de contacts incisifs (ni canins?).
Je voudrais encore parler d’autres dispositifs avec butée antérieure (en particulier du plan rétro-incisif de Jeanmonod, et de la gouttière évolutive de Rozencweig, du NTi…) avant d’en arriver à évoquer à l’absence de butée antérieure. Mais nous pouvons toujours discuter de cela dans les différents commentaires.
Amitiés

François UNGER

Plus sérieusement ta question, je crois, peut être tranchée en lisant la publication de Lucia (butée ant #2) qui laisse à penser que la position obtenue serait effectivement RUM tout en affirmant qu’elle est avant tous fonctionnelle. Ne penses tu pas que si le patient ne sert pas sur la butée, et que l’espace d’inocclusion est de l’ordre de l’espace libre (inférieur), la position condylienne est assez proche de ce qu’on pourrait considérer comme une position fonctionnelle, ou d’équilibre, c’est à dire sans contraintes articulaires ni musculaire?
Donc assez loin de la position théorique RUM.

Jean-Pierre TOUBOL

Salut François
Non je ne le pense pas et l’absence totale de contacts postérieurs me parait nettement préjudiciable à une relaxation musculaire réelle et à la recherche d’une position musculaire compatible avec l’équilibre de tous les faisceaux musculaires postérieurs qui régissent la position condylienne bien plus que les dents antérieures. C’est une avis clinique ne cherchez pas de références bibliographiques…
Une gouttière parfaitement équilibrée me permettra dès son retrait d’enregistrer ma relation musculo et articulo compatible.

François UNGER

Merci Jean Pierre
J’ai utilisé aussi cette gouttière de Gelb et mon intervention ne vise absolument pas à dévaloriser cet outil très efficace. Pour ma part tu l’as vu j’utilise une orthèse très proche, réglée de la même façon, à la différence près c’est que j’y ajoute les contacts canins. Jà encore il ne faut pas prendre mon intervention comme une mise en valeur sélective de cette forme d’orthèse. RIen ne prouve, scientifiquement, que la présence ou non des contacts canins, serait « meilleure ». Je souhaite simplement te faire part de ce qui, à mes yeux, facilite l’utilisation de l’orthèse avec des contacts canins: c’est tout simplement parce qu’elle est beaucoup plus facile à exploiter « visuellement » pour suivre les variations de la position mandibulaire. L’observation, de séance en séance, des contacts entre les canines et l’orthèse (qui se règlent très précisément et que le patient perçoit facilement), objective précisément le recul, la bascule, symétrique ou asymétrique, de la mandibule. C’est beaucoup plus difficile, selon moi, pour tout autre couple de cuspides. On a là un marqueur occlusal de la position mandibulaire, précis et facile à observer. De même, quand la situation canine est stable dans le temps on a un indicateur presque « mesurable » de cette stabilité, qu’il est facile alors de relier à la disparition ou au maintien des symptômes. Voila pourquoi je privilgie ces contacts canins. Comme toi je ne recherche pas les contacts incisifs. Je ne suis donc plus dans une logique de butée antérieure.

yevninemichel

bon, on quadricapillosectionne….le but des butées ou des orthèses ou des plans retro-incisifs reste bien de décontracter le patient et de l’amener le plus possible vers une position de….  » confort » en tout cas à un mouvement de rotation pure? enregistrable et reproductible?ou tout du moins dans un premier temps
tous les moyens sont bons du moment qu’ils sont maitrisés par le praticien.
après si l’on est amené à effectuer une thérapie de position, le problème est différent…. en tout état de cause , les cales postèrieures même si elles arivent à soulager me semblent tout à fait délétèreS

jbol

Bonjour François Unger,
Corrigez moi si besoin. Ce type de buté est souvent réalisé en « urgence », au cabinet, afin de déspasmé et de le soulager rapidement le patient de ses douleurs. Si ce n’est pas le cas, je l’utilise ainsi.
Dans cette configuration, je m’étais posé la question suivante: pourquoi le réaliser au maxillaire? Il m’a semblé qu’il était plus confortable de le réaliser au niveau du bloc incisivo-canin mandibulaure et que surtout son réglage en était souvent facilité (encombrement des incisives mandibulaires plus fréquentes qu’au maxillaire, meilleur nivellement des incisives maxillaires par rapport au maxillaire, Classe II, réglage en latéralité plus aisé, meilleur visibilité…)
Je le réalise en mandibulaire, y voyez-vous un inconvénient? Quel est votre point de vue?

François UNGER

Bonjour jbol
A priori je ne vois aucun inconvénient mais j’aimerais avoir une ou deux images de ce que vous proposez.
Est-il possible que nous nous postiez dans votre prochain commentaire ces images pour que nous puissions échanger en connaissance de cause?

jbol

Bonjour François Unger,
Ce n’est pas un acte que je réalise fréquemment mais je ne manquerai pas d’y poster les photographies dès que l’occasion se présentera. A défaut de photos, je vous en fais une description: j’utilise de la résine méthacrylique type Unifast*. Je réalise un « bourrelet » au niveau incisivo-canin mandibulaire permettant une désocclusion occlusale. L’idéal (quand les conditions se présentent), je le fais attendre dans la salle d’attente ainsi; puis je le revois, le manipule et réalise un réglage permettant des contacts harmonieux et une absence d’interférences en latéralité et propulsion (mouvements centripètes).

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