Quel plan de traitement pour ce patient ?
Nous avons vu dans des posts précédents que les erreurs ou les absences de planification pouvaient conduire à des désastres thérapeutiques très difficiles à gérer. Nous avons également abordé les principes à garder à l’esprit pour concevoir les prothèses implantaires. Comment utiliser ses notions pour répondre à un patient qui sollicite un avis implantaire?
Avant de se demander « comment? », il faut se demander « pourquoi? ». Le Plan de Traitement est la raison d’être du traitement, la raison qui va justifier aux yeux du patient, aux yeux du praticien et aux yeux de la société civile toute entière que les moyens nécessaires et les risques encourus sont compris et assumés.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d'intéret.
Comments
Bonjour,
Il paraît effectivement difficile, même si financièrement tentant à court terme, de se voir mis au défi d’assumer la passivité de ce patient dont l’hygiène générale (régime hypolipémiant remplacé par des statines) régionale (tabagisme revendiqué sans intention d’arrêt) et locale (défaut de désinfection gingivale, même après vos conseils et exemples zélés) prouvent, pour le moment, l’absence de volonté à participer activement à sa guérison. Même le sacrifice financier auquel il se dit prêt à se résoudre ne suffira pas à remplacer un brossage triquotidien!
Je dis à mes patients que pour poser un implant, il faut de la santé (générale et locale), de l’os (visible sur une radio 3D et de l’argent.
S’il est bon d’être informé tôt de l’enveloppe financière approximative pour prévoir un budget de soins, la santé vient en premier et je ne ferais un devis qu’après avoir obtenu un état gingival correct, le traitement du foyer endo-paro sur 12 et une mesure du CO dans l’air expiré < 2%, de peur le de voir accepter ce devis et me mettre au défi d'accomplir les soins prévus, même s'ils ne sont pas (encore) réalisables.
La surveillance de l'état parodontal ne demande pas beaucoup de temps et peut déboucher au contraire sur une vraie prise en charge si l'état d'esprit a changé.
Discuter d'implantation avant d'avoir résolu ces préalables me paraît déplacé et pourrait même nous être reproché, ne serait-ce qu'en terme de perte de chance, ou d'obligation de résultat pour une prothèse;
Bonjour et merci pour votre argumentation pleine de clairvoyance et de sagesse qui sert d’excellent préambule à l’analyse de cette situation. Les points que vous soulevez se devaient d’être rappelés et la discussion pourrait effectivement en rester là. Si ce patient ne peut pas faire l’effort d’amélioration nécessaire à sa guérison, nous ne pouvons pas le faire pour lui… Adieu et bonne chance.
En réalité, ce patient a été sensible à notre discours (et peut être ne lui avait-on jamais parlé de la sorte?), a tenté, tant bien que mal, de suivre nos conseils préliminaires (et pourra peut être s’y exercer et s’améliorer?) et revient vers nous car il souhaite connaitre nos préconisations et les possibilités de traitement pour son cas dans l’hypothèse où sa motivation à l’hygiène augmenterait (et que proposer alors?).
En réalité, ce patient semble ressentir les prémices d’une dégradation, potentiellement grave et brutale, de sa situation bucco-dentaire : le foyer infectieux sur la 12 est actif, la 16 est douloureuse à la mastication qui se fait presque exclusivement du coté gauche et un certain nombre de dents mandibulaires sont au bord de la désintégration.
Allons-nous regarder cette situation se dégrader sans rien faire?