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Le remplacement d’une incisive mandibulaire fracturée après traumatisme

Un patient se présente après avoir été victime d’un traumatisme ayant entraîné la fracture coronaire de la 31 et occasionné des plaies de la lèvre supérieure. Il a heureusement récupéré le fragment de la dent fracturée. Le traitement endodontique de la 31 est pratiqué en urgence, et le fragment est mis en place, relié par du composite aux dents voisines.

Une gouttière thermoformée de faible épaisseur est estampée sur le modèle
Une gouttière thermoformée de faible épaisseur est estampée sur le modèle

Le niveau de fracture sous crestal compromet la réalisation d’une restauration unitaire avec faux moignon, les alternatives de traitement sont une attelle collée remplaçant la 31, un bridge ou un traitement implantaire. Le patient est informé de ces diverses solutions et avec son accord le traitement retenu est l’extraction de la racine et la pose d’un implant de petit diamètre qui sera mis en charge immédiatement. La difficulté du traitement implantaire réside dans l’espace très réduit dont on dispose dans ces circonstances, seul un implant de petit diamètre peut se loger à cet endroit. Une empreinte est prise en vue de la préparation des étapes suivantes. Sur le moulage obtenu, une plaque fine (0,5mm) est thermoformée.

Une dent du commerce est sélectionnée et est ajustée sur le modèle afin de préparer la dent temporaire. En raison de l’espace très réduit, le matériel préhenseur d’implant est testé sur le moulage pour vérifier la faisabilité de l’intervention. L’implant choisi est un monobloc de diamètre 2,8mm x 12mm de longueur (Incybloc® SERF). Cet implant est conique il est disponible en trois longueurs 10, 12 et 14mm et deux hauteurs de moignon.
Dans la séance suivante l’extraction de la racine est pratiquée avec précaution, l’examen révèle une intégrité des tables osseuses vestibulaires et linguales, la pose de l’implant est réalisée en utilisant la gouttière transparente comme repère de position, aucun lambeau n’est effectué, placé axialement et proche de la paroi linguale, de l’os de forage récupéré est mis en place pour combler le petit espace en face vestibulaire.

La dent temporaire pré-ajustée est adaptée sur le moignon implantaire en utilisant le gabarit. Un évent lingual est pratiqué dans la dent afin d’éviter tout excès de résine au niveau cervical. La dent provisoire est soigneusement polie l’évent est percé de nouveau pour l’évacuation du ciment temporaire. Par précaution un collage en composite est réalisé sur les faces linguales des deux dents proximales. L’occlusion est réglée attentivement en OIM et dans les excursions.
Le patient est informé de l’utilisation précautionneuse de ce secteur antérieur. Le contrôle à une semaine montre une muqueuse en parfait état, les suites opératoires ont été minimales, il n’y a pas eu de prise d’antalgiques en dehors du soir même de l’intervention.

Après trois mois de cicatrisation commence la réalisation de la phase prothétique d’usage. Le type d’implant monobloc impose le travail au laboratoire sur un analogue de moignon, une empreinte de position doit être effectuée.
L’analogue comporte deux extrémités, deux moignons de longueurs différentes correspondants aux longueurs existantes sur les implants. Une gaine de prise d’empreinte en matériau calcinable (PMMA) vient s’adapter sur la partie la plus longue, elle doit être raccourcie pour coiffer le moignon court. Une fenêtre dans la pièce permet le contrôle de l’enfoncement et un jonc métallique assure le plaquage correct sur le moignon.
La couronne provisoire est déposée, la gaine de transfert est ajustée à la longueur du moignon utilisé, le bord cervical est biseauté pour limiter la compression tissulaire. Mise en place, la fenêtre de la gaine laisse apparaître le haut du moignon.

Une empreinte aux silicones en double mélange est réalisée, ainsi qu’une empreinte aux alginates de l’arcade antagoniste. La dent provisoire est remise en place, cette fois ci sans collage aux dents voisines pour préserver l’aspect des faces des dents proximales enregistrées dans l’empreinte.
L’analogue est inséré dans la gaine transfert jusqu’en butée, un silicone simulant la gencive est injecté autour de la jonction gaine implant, et l’empreinte est moulée.

Il est indispensable de fournir au prothésiste une seconde réplique de moignon pour lui permettre d’effectuer correctement les finitions des bords cervicaux.
Le clip métallique est retiré de la gaine calcinable qui sert de base à l’élaboration de la chape en cire qui est ensuite coulée. La céramique cosmétique est montée par stratification. Un pertuis lingual est foré pour permettre l’évacuation du ciment de scellement.
La pose de la couronne a lieu dans la séance suivante. Après validation esthétique et fonctionnelle, le scellement est effectué avec un ciment polycarboxylate. Un nettoyage minutieux des débris de ciment est réalisé et une radio de contrôle est prise.

Les indications cliniques de ce type d’implant de petit diamètre sont réduites. Elles sont principalement situées dans le secteur antérieur mandibulaire ou dans les cas de remplacement des incisives latérales supérieures. Dans ces situation particulières le traitement implantaire devient possible avec un pronostic très favorable tant sur le plan esthétique que fonctionnel.

Quelles sont à vos yeux les indications des implants de petit diamètre?
Quelles sont les difficultés spécifiques liées à ces implants de petits diamètre?
Fournisseur : Global D
Laboratoire de Prothèse Mr Bernard Garrandes Nice

Comments

jmd75

Dans ce cas clinique, la radiographie montre un espace de 1,5 mm environ entre l’implant et les dents adjacentes. Qu’en est-il des épaisseurs des corticales vestibulaire et linguale ?
Nous savons qu’une extraction, mise en place immédiate ou pas, se traduit par une résorption osseuse horizontale et verticale, plus marquée en vestibulaire. Quelles ont été les manoeuvres pour tenter de la minimiser.
Le monobloc entraîne des contraintes au moment de la pose afin d’être dans l’axe parfait de la future prothèse. Il existe dans d’autres marques (Anthogyr) des implants de même diamètre avec une connexion interne.
Enfin, la radio semble montrer un surcontour entre la couronne et l’implant. Cette situation ne risque t-elle pas d’être un « piège » à plaque entraînant une résorption osseuse ?
A quand l’implant à moins de 2,8 mm car il semble que ce soit le plus petite diamètre actuellement sur le marché ?

Gérard DUMINIL

Bonjour jmd75,
Comme toujours l’épaisseur des corticales vestibulaires et linguales est faible dans cette zone. La première difficulté réside dans l’extraction de la racine fracturée en préservant les volumes osseux. Le forage de la loge implantaire se fait avec un foret étagé (foret de Scortecci) qui collecte un peu d’os. L’implant est place plus proche de la corticale linguale . L’os de récupération est placé alors dans le hiatus vestibulaire.
L’implant monobloc impose il est vrai un axe précis ce qui lui réserve des indications limitées mais en revanche lui donne une bonne solidité pour un si petit diamètre.
Le surcontour est une finition la plus biseautée possible, il faut bien rattraper un volume esthétique, le diamètre de l’implant étant inférieur à celui de la dent qu’il remplace. Le problème majeur se situe au moment du scellement, un évent est indispensable pour en évacuer l’excédent et le contrôle radio valide l’absence de matériaux au niveau cervical.

Quant à un implant de plus petit diamètre, à quelle indication le réserver, si le volume osseux implantable est si petit, ne vaut-il pas mieux procéder autrement ?

carton

Merci pour ce cas qui illustre très bien une des situations « difficiles » de l’implantologie unitaire. J’aimerais quelques informations sur l’option du pertuis d’évacuation du ciment de scellement. Doit-on utiliser un ciment particulier? Ne peut-on pas craindre, dans le temps, un délitement de ce ciment et donc une infiltration bactérienne? Même si l’implant ou le pilier ne sont pas susceptibles de se carier ne peut-on pas redouter une péri-implantite non accessible aux moyens habituels d’hygiène? Pour ma part j’ai vu des échecs par destructions dentaires et gingivales sous des couronnes dentaires qui présentaient une petite perforation par usure.

frankie

ben, que voulez vous que j’vous dise mes chers amis ?
Franchement : rien à dire.
C’est parfait.
Bon: implant de petit diametre….bon….et alors?
Et, comme y’a rien à dire………et que c’est parfait,
je vous dis: BON WEEK END les amis.

chabou

Juste pour dire…..
On aurait peut-être aussi pu tenter une égression orthodontique de la racine afin de faciliter la restauration de la couronne de 31.

carton

Ca me semble difficile car il faudrait uen égression de 5 mm pour retrouver un espace biologique correct. Alors le rapport couronne sur racine serait vraiment défavorable

Gérard DUMINIL

Merci à tous les intervenants de votre réactivité et de l’intérêt porté à ce post.
Pour Carton, Le pertuis se situe à l’aplomb du sommet du moignon, il est réalisé aux dépens de la chape métallique. Le scellement est effectué avec un ciment polycarboxylate (Poly F) qui a la propriété de se laminer en couche très fine. Après prise, le pertuis est dégagé en partie avec un embout ultrasonique très fin et l’obturation est réalisée avec un composite fluide.
Rien n’est parfait ! l’important est qu’il existe plusieurs approches de cette situation et que l’on réalise celle qui correspond à notre meilleure expérience.
Bon week end à tous

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