Gérer le dévissage en prothèse implantaire #3
L’utilisation des implants dentaires en odontologie ne cesse de croître et si vous faites de la prothèse implantaire, tôt ou tard, vous aurez à faire face à un dévissage. Bien que l’incidence du dévissage ait réduit de manière considérable, grâce au développement des connexions internes, plus stables, il arrive que malgré cela, des dévissages surviennent, sur des implants plus anciens, toujours en fonction et dont la concentrique est plus sensible à ce type de complication.
Après avoir tenté de mieux comprendre le dévissage, et après avoir appris à reconnaître le dévissage, nous allons voir comment y faire face.
Face à une prothèse implantaire, la première étape est de savoir si vous disposez du matériel adéquat pour intervenir. Cela peut être assez difficile si vous ne connaissez pas (ou ne pouvez pas obtenir) les références de(s) implant(s) placés. Certains sites internet proposent des bases de données pour reconnaitre et identifier les anciens implants. En cas de doute, beaucoup de fabricants d’implants disposent d’un département technique qui peut vous aider à identifier un ancien implant grâce à des radiographies.
Nous avons déjà discuté de l’intérêt de la conception vissée des prothèses par rapport à la conception scellée. En effet, les prothèses scellées sont bien plus difficiles à démonter en cas de dévissage.
Pour démonter une prothèse scellée dont la vis de piler est dévissée, il est déconseillé de tenter de desceller la prothèse à l’arrache-couronne. En effet, le risque est grand de casser la vis du pilier et d’endommager le pas de vis interne de l’implant.
Il est préférable de passer au travers de la prothèse pour accéder à la vis, de manière similaire à une cavité d’accès endodontique. Si la couronne tourne sur l’implant, il est intéressant de repérer le centre de rotation car c’est là que se trouve la vis.
Une fois que la cavité d’accès réalisée, il faut être extrêmement prudent :
- vous avez sûrement l’habitude d’obturer le puis d’accès aux vis avec du coton, du téflon ou de la cire pour protéger la tête de vis en cas de réintervention. Dites-vous toujours que le praticien qui a réalisé la prothèse que vous tentez de démonter peut ne pas avoir fait de même.
- pour dégager l’accès à la tête de vis, il faut impérativement veiller à ne pas trop appuyer pour ne pas endommager ni la tête de vis, ni l’implant. Car dans ces deux cas, l’implant devrait alors être déposé.
Si vous disposez du bon tournevis et que vous avez réussi à localiser la tête de vis, vous pourrez dévisser et retirer la prothèse sans problème, changer la vis et revisser la prothèse et obturer la cavité d’accès avec du composite.
Si vous ne pouvez pas dévisser la vis, une solution consiste à détruire à la fraise les faces proximales de la prothèse afin qu’elle puisse tourner librement et se dévisser. Mais dans ce cas, une nouvelle prothèse devient nécessaire.
- Vous sentez-vous capables de faire face à un dévissage ou préférez-vous adresser le patient à un spécialiste ?
- Quelles sont, selon vous, les principales difficultés pour gérer un dévissage ?
Comments
Malheureusement la vis ne débouche pas toujours sur la face occlusale…
Bonjour
Question 1 : oui je sais faire face au problème de dévissage comme n’importe quel praticien outillé.
Question 2 : la difficulté c’est lorsqu’il y a un pilier angulé sous la couronne et qu’en effet alors le trou d’accès fait dans la face occlusal risque d’être très délabrant indiquant alors plutôt de refaire la supra-structure.
Question 3 qui n’est pas posée : comment éviter un dévissage ultérieur ?
Un principe de mécanique est fondamental et à appliquer en prothèse implantaire : la libération des contraintes qui nécessite un « revissage » une semaine après (tout comme les meubles IKEA) et mon protocole pour les couronnes transvissé est maintenant celui-là : jour J vissage à la clé dynamométrique au torque préconisé, protection de la tête de vis par un coton alcoolisé puis fermit, et une semaine après revissage à la clé (très souvent la vis tourne encore un peu, puis protection coton + composite ou révotek. Pour la prothèse scellé il peut être envisagé de différer le scellement définitif de la couronne la semaine suivante avec le même protocole de ‘revissage »
Cordialement
Thierryk
Merci pour vos partages d’expérience. Le démontage des anciennes prothèses implantaires n’est jamais une mince affaire. Il faut toujours s’attendre à des imprévus… et à des dégats sur les piéces prothétiques. En ce sens, le patient doit être clairement informé des risques.
Si la prothèse a été réalisé par un autre praticien et que le puis d’accès à la vis ne peut être retrouvé sur la face occlusale (ou cingulaire) il faudra envisager de découper la couronne et de la démonter, de manière similaire à une prothèse dento-portée pour un accès visuel direct au pilier prothétique.
Pour en revenir au dévissage, ce que nous explique thierryk est très intéressant. Personnellement, je procède à un « revissage » 10 minutes après le premier tour de clé dynométrique, mais dans la même séance d’assemblage. A une semaine, comme vous le faites, cela impose effectivement des protocoles tout à fait particuliers… En faisant cela, avez-vous constaté une diminution ou une disparition complète des phénomènes de dévissage?
Avec ce protocole de revissage différé il n’y a plus de problème de dévissage, 10 minutes ce n’est pas suffisant pour laisser le temps aux contraintes internes de se relâcher, il faut plusieurs jours.
Des études seraient intéressantes à mener sur ce sujet mais des facteurs extrinsèques interviennent probablement sur ce phénomène : Conicité du pilier, métal de la vis, connexion externe ou interne, dessin de connexion (polygone, étoile, plateau…) En tout état de cause les principes de mécanique s’appliquent dans le domaine des reconstructions supra-implantaires.
Cordialement
Thierryk