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Avantages et inconvénients des attachements supra-implantaires

A l’heure de la dentisterie moderne et de l’implantologie, et au vu des difficultés qu’ont les patients à accepter et à supporter des prothèses amovibles complètes, il est légitime de se demander si le traitement conventionnel de l’édenté complet par prothèses amovibles bimaxillaires répond encore aux données acquises de la science.

La solution idéale est, sans aucun doute, la prothèse fixée implantaire sans aucun appui muqueux. Mais pour des raisons anatomiques et/ou économiques, une solution de prothèse amovible à complément de rétention implantaire peut être retenue.
La stabilisation des prothèses amovibles complètes au moyen d’implants ostéo-intégrés peut faire appel à différentes solutions techniques que nous détaillerons dans de prochains posts.

Avant cela, face à une situation d’édentement complet, il faut réfléchir et faire réfléchir le patient aux avantages et aux inconvénients des prothèses amovibles stabilisées sur implants (PACSI) afin de recueillir son consentement éclairé.

Avantages

  • Moins d’implants
    De 2 à 5 implants sont nécessaires. Le choix de réduire le nombre d’implant peut se faire pour des raisons économiques mais aussi pour des raisons médicales et/ou anatomiques (forte résorption qui obligerait à des greffes osseuses importantes).
  • Moins de résorption osseuse
    La littérature scientifique est claire : plus le nombre d’implants utilisés pour stabiliser une prothèse amovible complète augmente moins on constate de résorption osseuse au niveau des maxillaires.
  • Plus de confort
    L’amélioration de la stabilité de la prothèse amovible grâce aux implants va avoir un impact positif sur la santé des muqueuses, sur la phonation, sur l’occlusion prothétique et donc sur l’efficacité masticatoire.
  • Plus facile à nettoyer
    Le caractère amovible de la prothèse permet une meilleure hygiène au niveau des implants et donc moins de complications d’origine infectieuse.
  • Moins couteux
    Les coûts de fabrication au laboratoire de prothèse sont moins élevés que pour une prothèse fixe sur implants.

Inconvenients

  • Caractère amovible de la prothèse
    Le souhait du patient ainsi que l’impact psychologique d’une prothèse qui reste amovible malgré la pose d’implants sont à évaluer prudemment.
  • Traitement plus long
    Comparé à un traitement conventionnel, les solutions de PACSI sont plus longues à mettre en œuvre. L’étude préprothétique, la mise en place des implants et leurs délais d’ostéo-intégration s’ajoutent à la réalisation de la prothèse d’usage. Le patient doit le comprendre et l’accepter.
  • Plus d’espace nécessaire à la prothèse
    Une des grandes difficultés dans ce type de traitement est la gestion de l’espace prothétique disponible pour pouvoir placer les piliers implantaires, une éventuelle barre de liaison, les attachements axiaux, la fausse gencive et les dents prothétiques. Un minimum de 12mm entre la muqueuse et le plan d’occlusion est nécessaire, ce qui peut indiquer une régularisation de crête par ostéoplastie lors de la pose des implants.
  • Plus de maintenance et de réparations à long terme
    Les porteurs de PACSI sont soumis à une maintenance régulière pouvant engendrer des frais supplémentaires importants à long terme en raison de l’usure des attachements, de la fracture, de la réadaptation voir de la réfection complète de la prothèse.
  • Résorption osseuse postérieure
    Si un faible nombre d’implants sont placés dans la partie antérieure de l’arcade édentée, cela ne pourra en aucun cas empêcher la résorption osseuse postérieure.
  • Les aliments peuvent se coincer sous la prothèse lors des repas
    Bien que bénéficiant d’une stabilité accrue, la prothèse amovible subit des mouvements de faible amplitude qui ont tendance à emprisonner sous elle des particules alimentaires.
  • Moins fixe qu’une prothèse fixe
    La stabilité (et donc les avantages) d’une PACSI augmente avec le nombre d’implants qu’il est possible de placer.

Un des éléments de l’information du patient sur lequel il est important d’insister est le suivant :
La stabilisation des prothèses amovibles complètes grâce aux implants est un processus évolutif qui peut s’envisager sur le long terme. Un complet mandibulaire stabilisé sur deux implants symphysaires ne doit pas être considéré comme une fin en soi mais plutôt comme une solution transitoire qu’il est possible d’améliorer en plaçant des implants supplémentaires de manière à faire évoluer la conception de la prothèse et ainsi pallier progressivement à ses inconvénients.

Pensez-vous que les PACSI puissent être une bonne solution pour les patients édentés complets ?
Quelle information délivrez-vous au patient ?
Voyez-vous les solutions de PACSI comme évolutives ?

Comments

galfie

Rappelons que pour l’édentement total mandibulaire, le consensus de Mac Gill (Université canadienne), qui remonte à 2002 je crois, préconise la PACSI (sur 2 implants symphysaires) comme traitement minimum acceptable à proposer au patient : donc oui, c’est la bonne solution quand du tout fixe n’est pas possible!

Très juste! Mais le consensus de Mc Gill a généré une confusion dans l’esprit de beaucoup de praticiens qui ont considéré, à tort, que la stabilisation d’un complet sur deux implants symphysaires était le gold standard pour le traitement de l’édentation complète mandibulaire.
Or, et vous l’avez très bien dit : il s’agit du minimum thérapeutique acceptable. Le but de cette série d’article est d’envisager les avantages mais aussi les limites de ce type de traitement (ce qui est malheureusement une réalité très peu abordée dans la littérature), et d’envisager, lorsqu’elles sont possibles, les autres solutions de traitement, toujours sous l’aspect de la discussion.
Merci beaucoup pour votre participation.

tremelpascal

par expérience la pose d’une barre est bien une contrainte pour le prothésiste et source de fragilisation de la résine et voir de grosse difficulté de rebasage possible dans le futur, pour gérer ce genre de cas je préconise des Locators, on gagne énormément en pérennité pour cette prothèse….mais la meilleur solution a mes yeux restera 4 implants avec une barre supra-implantaire tranvisée……..

Guillaume GARDON-MOLLARD

Merci Pascal pour ce retour d’expérience. Vous semblez dire que les barres présentent de gros avantages en termes de confort pour le patient et de stabilité de la prothèse, mais aussi de gros inconvénients en termes de maintenance. Les Locator sont surement moins performants mais beaucoup souples à utiliser et à maintenir.
Je partage votre avis.

tremelpascal

Oui, exactement…..mais il y a aussi une troisième solution: une Barre Montréal lorsque le tout fixe est impossible ( auteur coronaire trop importante, réalisation de céramique trop haute, qui donne un esthétique ridicule si le patient découvre énormément, voir même la mise en danger sur la pérennité de cette prothèse )

tremelpascal

les plus : une grande passivité, un très bon résulta esthétique, la libération de pression au tour des implants et bien sur une stabilité total…

Guillaume GARDON-MOLLARD

Merci Pascal pour ces images. Les deux premières images semblent montrer ce que vous appelez une barre Montréal. Effectivement, l’encombrement est important et nécessite une très grande hauteur prothétique disponible… sans parler du coût j’imagine!
En revanche, les deux dernières images semblent montrer une « prothèse de type piloti » ou « all on four » ou « hybride ». Si c’est le cas, il s’agit bien d’une prothèse totalement fixe que le patient ne peut pas retirer lui même. et non d’une PACSI.

machiavel

bonjour

quand vous dites

« Moins de résorption osseuse
La littérature scientifique est claire : plus le nombre d’implants utilisés pour stabiliser une prothèse amovible complète augmente moins on constate de résorption osseuse au niveau des maxillaires. »

je suis d accord mais je ne trouve pas les sources biblios
avez vous des lectures à me conseiller ?

merci bcp

Guillaume GARDON-MOLLARD

Bonjour Machiavel
Voici pour vous quelques références (liste non exhaustive) :
– A 5 year prospective multi center follow-up report on over dentures supported by osseointegrated implants. Jemt, Chai, Harnett. Int J Oral Maxillofac Implants 11:291-298, 1996.
– A 5 year randomized clinical trial on the influence of splinted and unsplinted oral implants in the mandibular over denture therapy. 1. Peri-implant outcome. Neat, Gizani, Vuylsteke et al. Clin Oral Implants Res 9:70-177, 1998.
– A 15-year study of osseointegrated implants in the treatment of the edentulous jaw. Dell, Lekholm, Rockler et al. Int J Oral Surg 10:387-416, 1981.

Ces études sont a comparer avec les études effectuées sur la résorption osseuse chez l’édenté complet non implanté :
– Atwood & Coy : Clinical, cephalometric and densitometric study of reduction of residual ridge. J Prosthet Dent 26:280-295, 1971.
– Tallgren : The continuing reduction of the residual alveolar ridges in complet denture wearers : a mixed-longitudinal study covering 25 years. J Prosthet Dent 27:120-132, 1972.

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