Orientation diagnostique devant une macrochéilie #3
Dans le post précédent nous nous interrogions sur les étiologies possibles à envisager.
Situation initiale :
Un jeune homme de 18 ans est adressé à la consultation de dermatologie buccale de l’hôpital Henri Mondor devant une macrochéilie inférieure persistant depuis 2 mois. Il ne présente pas d’antécédent médical et ne prend aucun traitement. A l’interrogatoire, le patient rapporte un épisode de stress intense lié au passage du baccalauréat associé à des troubles digestifs : association de diarrhées et constipation. L’examen endo-buccal met en évidence des ulcérations situées au niveau du fond du vestibule ainsi que la présence de nodules rétrocommissuraux. La langue revêt d’aspect normal ; la palpation de la lèvre inférieure tuméfiée est indolore.
Les étiologies possibles à envisager
Cheilite de Miesher : forme monosymptomatique du syndrome de Melkerson Rozenthal (SMR)
- Forme monosymptomatique (Chéilite de Miescher) se définit par une macrochéilie de la lèvre inférieure (et/ou supérieure) associée à une granulomatose sans nécrose caséeuse.
- La triade clinique SMR est à rechercher : paralysie faciale périphérique, tuméfaction labiale, langue plicaturée
Sarcoidose
- Hôte : homme jeune, origine africaine
- Recherche d’une toux chronique
- Symptômes généraux : fièvre, arthralgies, érythème noueux.
- Bilan : VS, CRP, enzyme de conversion de l’angiotensine (augmentés)
- Radiographie de thorax
Maladie de Crohn
- Présence de symptômes digestifs types diarrhée ou constipation
- Rechercher des signes de carence en vitamine B12 : fatigue généralisée, Anémie (paleur cutanéo-muqueuse, tachycardie) troubles sensitifs des extrémités.
- Examen endo-buccal : présence d’ulcération linéaires volontiers au fond du vestibule et TAGs rétro-commissuraux
- Bilan : VS, CRP (syndrome inflammatoire) NFS, dosage des vitamines B12 et Folates (carence, anémie macrocytaire) Anticorps anti-ASCA, Biopsies iléales et coliques par coloscopie.
Prise en charge
Le patient est adressé et pris en charge par le service de médecine interne de l’hôpital Henri Mondor.
NB1 : l’absence de nécrose caséeuse écarte l’hypothèse d’une tuberculose.
NB2 : il convient également de rechercher un granulome à corps étranger écarté par l’interrogatoire (blessure ou traumatisme) et l’examen radiologique.
NB3 : l’association d’une chéilite de Miescher avec la maladie de Crohn, la sarcoïdose ou la tuberculose est régulièrement rapportée.