La prise de décision thérapeutique en odontologie gériatrique
On établit souvent un parallèle entre le sujet pédiatrique et gériatrique. Bien que les comportements puissent être semblables, le patient âgé en perte d’autonomie est, dans la plupart des cas, sans parent en capacité d’avoir autorité sur la prise de décision vis-à-vis de ses traitements. L’accompagnant peut être un tuteur, un enfant ou un proche aidant.
Il arrive régulièrement que la seule doléance du patient ou de l’accompagnant soit : « faites au mieux, je vous fais confiance » ou, encore, « je ne veux juste pas qu’il (ou elle) souffre ». Cette situation donne lieu à une responsabilité sur les soignants, souvent prise d’une manière mécanique sans réflexion autour du patient.
Lorsque personne n’accompagne le patient, la prise de décision est unilatérale. Le chirurgien-dentiste se retrouve confronté à sa seule perception du soin à réaliser, ou de son abstention ; mais toujours avec le sentiment de faire ou de ne pas faire ce qui lui semble le mieux.
Le praticien libéral est souvent exclu de la prise en charge globale en gérontologie, agissant comme un exécutant isolé. Le développement d’outils de communication entre les soignants du quotidien et le praticien libéral tente de pallier ce problème. Cette communication peut permettre d’apporter un avis sur une thérapeutique plus ou moins invasive, sur le maintien d’une bonne hygiène à plus ou moins long terme, sur la conservation ou non de dents d’importance sociale, etc.
Bien qu’aujourd’hui, l’essentiel d’une activité de dentisterie gériatrique soit constituée d’avulsions et de réalisation de prothèses amovibles, certains patients pourraient être candidats aux thérapeutiques plus conservatrices, ou même à la pose d’implants. Cependant, l’évolution des thérapeutiques doit se faire avec l’évolution conjointe de la formation aux gestes préventifs.
La prise en charge du sujet âgé est complexe et doit tenir compte de nombreux facteurs : le terrain, le psychique, le physiologique et le psychologique. Cette décision compliquée pour le chirurgien-dentiste est rendue difficile en l’absence d’un parent responsable, proche décisionnaire qui assume le cas échéant une partie de la responsabilité des thérapeutiques engagées.
La décision finale doit tenir compte des recommandations du chirurgien-dentiste traitant, de l’avis de la famille, du patient, des soignants éduqués aux problématiques bucco-dentaires et qui sont au quotidien avec le patient.
À ce jour, l’odontologie gériatrique est une spécialité peu reconnue et peu répandue en France ; mais qui présente le meilleur rapport entre simplicité de geste et service rendu au patient.
- Quelles difficultés rencontrez-vous dans la prise de décision thérapeutique lors des soins gériatriques ?
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Chirurgien-dentiste gériatrique
Co-fondateur & Directeur Médical de LOVIS (www.lovis.care)