Comment calculer les doses en anesthésie locale dentaire #5 : le vasoconstricteur
Voici tout d’abord les réponses aux questions du dernier billet :

Voyons donc maintenant comment calculer la dose maximale injectable pour ce qui concerne le vasoconstricteur.
Une précision préalable : j’ai choisi de ne considérer que l’adrénaline ou épinéphrine pour les raisons que je vous ai expliquées dans un autre billet.
Distinction entre deux modalités différentes de calculs
Les grandes différences pour calculer les doses admissibles de molécule anesthésique ou de vasoconstricteur peuvent se résumer dans le tableau suivant :

Tableau 1
Premier principe
Je renvoie à ce billet pour les divers calculs déjà abondamment explicités :
à partir du ratio de dilution, je vous donne directement le tableau suivant exprimant :
- la quantité d’adrénaline pour 1 mL de solution anesthésique
- la quantité d’adrénaline contenue dans une cartouche standard de 1.8 mL
pour les dilutions habituelles disponibles chez nous, à savoir :
- 1/80 000
- 1/100 000
- 1/200 000

Tableau 2
La notion de molécule « limitante »
Une molécule anesthésique et un vasoconstricteur sont fréquemment combinés dans une cartouche de solution anesthésique locale. Dans ce cas, le produit (anesthésique ou vasoconstricteur) qui atteint le premier sa dose limite recommandée est dit « limitant » (pour reprendre la formulation anglo-saxonne) : il va imposer sa limite à l’autre molécule contenue dans la cartouche.
Si on reprend les calculs de doses en fonction de la seule molécule anesthésique : nous avons vu que, pour un patient de 75 kg, on peut injecter environ 13 cartouches de lidocaïne à 2%. Ceci reste vrai si la teneur en adrénaline est de 1/200 000 (pour l’adrénaline, on pourrait théoriquement injecter 22 cartouches environ). Par contre, si la teneur en adrénaline est 1/80 000 ou 1/100 000, le nombre de cartouches injectables se limite, respectivement, à 8.8 ou 11.1 cartouches. Donc, dans ces cas-là, c’est le vasoconstricteur qui fixe la limite du nombre de cartouches que nous pourrons injecter.
Le problème ne se présente qu’avec les solutions de lidocaïne :

Tableau 3
Ceci nous amène donc à modifier le tableau initial du nombre maximum de cartouches injectables.
Si on « croise » les doses limites liées aux trois principales molécules anesthésiques utilisées chez nous et celles liés à l’adrénaline, on obtient le nouveau tableau suivant :

Tableau 4
On a surligné
-
en bleu clair les valeurs-limites atteintes à cause de la molécule anesthésique
-
en rouge les valeurs-limites atteintes à cause de l’adrénaline diluée à 1/80 000
-
en violet les valeurs-limites atteintes à cause de l’adrénaline diluée à 1/100 000
- Réussissez-vous à refaire facilement le test précédent ?
- Quelles conclusions pratiques ce dernier tableau récapitulatif vous permet-il de tirer ?